mercredi 3 février 2021

Tao comme postulat fondateur 


http://www.xi-tchan.fr/2021/02/tao-comme-postulat-fondateur_3.html/tao

Que devons-nous entendre par “tao” ? 


Tao signifie : route, voie. La voie se décline en méthode, principe, doctrine. Pourtant il est précisé que ce principe ne peut se nommer, car “voie quʼon énonce nʼest pas la Voie, nom quʼon prononce nʼest pas le Nom



Tao, un mot chinois qui a bien des significations :


Alors, tao cʼest lʼabsolu ? Pourquoi pas, mais que signifie pour nous, êtres relatifs, la notion dʼabsolu ? Ce nʼest quʼun mot. Nos propres instructeurs aimaient à répéter : “tao est ce qui est, en soi, hors du temps et de tout espace, et déterminant, par le simple fait dʼêtre, tout temps et tout espace»...Alors Dieu ? Une “personne” divine ? Une énergie éternelle et, de notre point de vue, primordiale ?

Mais qui, parmi les humains, peut être qualifié pour en décider ? Celui à qui la nature des choses a été révélée ? Il est, celui-là, limité comme nous tous et la révélation tombe forcément en un terrain restreint. Un vase, quelle que soit sa taille, ne saurait contenir lʼinfini. Finalement sʼil est impossible de définir tao, il est peut-être plus aisé de savoir ce quʼil nʼest pas...Observons notre monde. Tao nʼest pas la plante, il nʼest pas lʼanimal, il nʼest pas lʼhomme, il nʼest pas la pierre brute. Et cependant tous ces êtres limités participent de lui, il est le contenant et le contenu.  



Tao et chen universel :

Tao se manifeste par le souffle de lʼhomme uni à son environnement direct ou indirect, mais aussi dépendant du souffle de notre univers. Le principe organisateur qui opère dans tao se nomme chen. 

A lʼorigine de toute manifestation vitale, chen se manifeste dans chaque être vivant. De ce fait, il est à la fois lʼunité et la totalité des êtres. De chen dépendent les innombrables activités célestes, terrestres et humaines. Chen nʼest pas quelque chose dʼimmuable, de statique, de définitif. Chen cʼest lʼensemble des souffles vitaux organisateurs, dʼoù naissent les différenciations et complexifications jusquʼà lʼinfini, et dont nous sommes un simple instant. 

Disons, puisquʼil faut des mots: 

  • Tao, cʼest le mystère ... Sans commencement, sans fin, sans limitation. 
  • Chen, cʼest lʼEtre. Cʼest ce qui est, en soi, sans géniteur.



LʼEtre en soi :


Une hypothèse du Tchʼan concerne “ lʼEtre en soi”, relativement à lʼunivers que nous connaissons, celui des “10 000 êtres” du Tao Tö King, cʼest à dire lʼunivers crée que la Tradition nomme “le ciel postérieur”.Cette hypothèse nʼa rien de très original et suppose une réponse au “pourquoi” de lʼunivers que nous évoquerons tout à lʼheure, tout en admettant que si cette réponse est “parole de vérité”, elle ne saurait lʼêtre quʼau niveau humain et non, par exemple, au niveau de lʼarbre, de lʼanimal ou à celui de possibles créatures étrangères à la terre et possédant des capacités intellectuelles très supérieures aux nôtres.Il est admis pour le Tchʼan que toutes les réponses possibles, toutes les vérités fragmentaires, relatives (comme leurs découvreurs), sont, sur le plan de lʼAbsolu, de valeur égale. 



En vous, quʼest-ce qui pense ? 


Notre but ici est de commencer à vous faire envisager que vous nʼêtes pas votre pensée.Voici pourquoi :Disons que ce qui pense ne peut, jusquʼà preuve du contraire, être nommé autrement que “pensée”, même si certains parlent de cerveau matériel, terme rendu caduc par les connaissances modernes, car le cerveau nʼest quʼun lieu.La pensée est une fonction: la fonction de penser. Mais il arrive, bien entendu, que cette pensée ne soit pas. Dans le sommeil profond, par exemple. 
La pensée nʼest-elle vraiment pas présente dans le sommeil profond ?La seule preuve de lʼexistence de la pensée, évidemment, est sa propre expression. Si elle ne se manifeste pas, rien ne peut prouver, à un observateur extérieur, lʼexistence dʼune pensée potentielle. Mais, précisément, un tel observateur ne peut être ! 
Notre pensée est vraiment le seul observateur possible dʼelle-même et cette observation est, elle-même, pensée...Disons pour simplifier (et tant pis si cette simplification est trahison : nous cherchons à mettre une hypothèse sur pied et non à prouver quoi que ce soit), que la pensée, lorsquʼelle ne sʼexprime pas, existe potentiellement, passivement.
Pour que la pensée devienne, activement, relativement au monde environnant, il faut quʼelle sʼexprime. En attendant ce moment, on peut admettre quʼelle est, mais sans aucune relation avec quoique ce soit... ici, il convient de bien prendre garde aux mots: il est purement conventionnel dʼaffirmer que lʼexpression de la pensée procède dʼune pensée pré- existante. On doit se souvenir du fait que, sans son expression,
La pensée nʼest pas, relativement ...La pensée est une fonction avons-nous dit, mais au service de quoi ou de qui ? Nous y reviendrons.




Le pourquoi de lʼunivers :


Pourquoi lʼunivers perceptible et soumis à lʼentropie est-il, a-t-il été créé ?Beaucoup de réponses à cette interrogation. En voici quelques unes. Nous les donnons parce quʼelles sont proches culturellement : 

  • La réponse occidentale chrétienne:

Elle est issu dʼun christianisme (à notre avis) mal compris. Elle se résume ainsi :par amour ! Dieu, a-t-on dit, a crée lʼunivers par amour.Dans lʼabsolu, cʼest peut-être la bonne réponse, mais dans le relatif (notre domaine à nous autres, humains) elle parait un peu étrange. Ne parlons pas, pour lʼinstant, de tao et de chen (lʼêtre en soi). Utilisons un vocabulaire chrétien. Dieu a créé le monde par amour. 

Par amour pour des créatures qui, de notre point de vue, nʼétaient pas encore ? Soit, puisque pour la divinité, il ne saurait dʼêtre de futur qui ne soit également présent et passé. Toutefois, du point de vue relatif qui est nôtre et après avoir considéré la somme incalculable de souffrances qui, sur notre seule planète a, au cours des millénaires, torturé tant dʼindividus, tant dʼespèces, nʼest-il pas permis de supposer quʼà lui seul lʼamour ne saurait être “le” but de la création ? 

  • La réponse de la philosophie occidentale:

Elle a été formulée par les penseurs de la Grèce antique. Elle suppose un Démiurge qui créé le monde par nécessité, sous la pression de Maïa, le destin. Réponse qui a un faux air taoïste, mais qui ne fait que déifier le destin et repousser le problème. Une variante de cette deuxième réponse divinise, elle, le hasard ... 

  • La réponse du bon sens : je ne sais pas” ! 

De notre point de vue, ce serait de beaucoup la plus sage. Nous nʼen tiendrons cependant pas compte parce que, en raison du travail à entreprendre, il nous faut une réponse autre que négative. 

  • Lʼhypothèse du Xi-Tchʼan:

Cʼest notre hypothèse.lʼunivers perceptible et soumis à lʼentropie était, est et sera crée par liberté. Du point de vue humain, cette réponse est absurde. Elle est même proprement impensable. Ceci pour une seule et excellent raison : le concept de liberté absolue est, pour lʼhomme et pour toute créature, inimaginable. Mais il sʼagissait, il sʼagit et il sʼagira toujours dʼune liberté relative, dʼune liberté par rapport à une loi universelle, dʼune liberté “conditionnée”.Essayez donc dʼévoquer le concept de liberté absolue, vous nʼy arriverez pas...

 Vous pouvez fort bien imaginer ce que serait la liberté de faire telle ou telle chose dont vous êtes, en ce moment ou pour toujours, incapable. Mais vous ne pouvez vous faire une idée, même vague, de ce que peut-être la liberté absolue, la liberté “en soi”, le fait de nʼêtre mû par aucun besoin, de ne répondre à aucune excitation.Lʼacte libre, lʼacte “gratuit”, cher à certains littérateurs, est non seulement irréalisable, mais purement et simplement impossible, impensable.

Le seul fait de dire dʼun acte quʼil est libre et gratuit entend prouver quelque chose : lʼexistence de la liberté, précisément. Face au défi “privation de liberté” son exécution est une réaction. Elle entend démontrer. Il y a but et motivation. Il ne saurait donc y avoir liberté au sens absolu du terme. Naturellement, sur le plan relatif, la liberté existe. De ce point de vue, un homme emprisonné, contraint, ou simplement frustré nʼest pas libre, cʼest évident. Et pour qui quitte sa prison, il y a, relativement à lʼétat antérieur, libération.

De même, relativement à notre conditionnement, nous sommes libres de commettre ou non ce qui est considéré, dans notre milieu de vie, comme une mauvaise action. Mais la notion même de bonne ou de mauvaise action nʼest pas libre. Elle est dictée par le milieu, par la morale de ce milieu. Demain, pour la nouvelle humanité à venir, que deviendra le “tu ne tueras point”, qui, assez péniblement, il faut le dire, sert de support à lʼhumanité actuelle en général, et à celle de lʼoccident en particulier ? Ne peut-on imaginer un monde surpeuplé ou lʼhomme qui assassinera sauvagement toute une famille sera exécuté (bien entendu encore un de moins !) puis décoré à titre posthume ?

Mais nous abordons là un peu trop tôt le problème du Bien et du Mal. Revenons au concept de liberté strictement parlant: vous pouvez impunément défier nʼimporte qui de quitter librement la chaise sur laquelle il est assis. Ou bien il se lèvera, simple réaction à votre provocation, ou bien il restera assis.Lorsque lʼon pousse un objet afin de le déplacer et que cet objet nʼest pas trop lourd, lʼobjet réagit à la poussée, car il ne jouit dʼaucune liberté relative. Si lʼon procède de même avec un homme, il pourra, ou non, céder. Sa liberté est donc plus étendue que celle de lʼobjet. Mais elle demeure relative. Résistant ou ne résistant pas, son acte ou son absence dʼacte sera toujours dicté par un stimulus extérieur. Il peut aussi prendre la fuite: encore une réaction dictée. Ou, sʼil est inconscient, il peut ne même pas sʼapercevoir du fait que lʼon exerce une poussée à son encontre. Ce qui le met au rang de simple objet ...



Alors, quelle liberté ? 


Il est bien entendu que ce qui vient dʼêtre lu par vous ne constitue quʼune simple hypothèse de travail: laquelle se résume ainsi :

Pour la créature, il ne peut y avoir de liberté absolue mais seulement une liberté relative, une liberté limitée par lʼinfluence du milieu : la créature peut, se sentir gênée dans son comportement. Un aphorisme Tchʼan dit : ce qui rend lʼoiseau captif, ce nʼest pas lʼexistence des barreaux, mais leur trop grande proximité

Dans une cage bien fermée, mais occupant la surface dʼun canton, le rossignol serait libre mais lʼaigle resterait captif ... La liberté relative nʼest donc pas chose à dédaigner ...mais la liberté absolue est le fait du seul Absolu ... 

Donc, une question se pose: est-il possible à lʼêtre humain dʼobtenir la liberté absolue ?La réponse est : cela est possible sʼil est possible à lʼêtre humain de “devenir” lʼabsolu ! Réponse absurde. Plus exactement elle serait absurde si lʼêtre humain était réellement ce quʼil croit être: cʼest-à-dire une créature limitée à un corps et un psychisme. Mais en fait, il nʼest pas cela : il est une créature qui utilise deux instruments : un corps et un psychisme (avec sa pensée). Il ne faut pas confondre le passager avec le véhicule et son chauffeur. 



Lʼéveil cʼest déjà savoir QUI nous sommes:


 Lʼêtre humain est une expression du tao, de chen, bref de lʼabsolu. Dʼautres diraient: une émergence du Mental cosmique ou de lʼEsprit divin.Quʼimporte ! Le fait de découvrir cette vérité de façon non intellectuelle mais vécue, constitue, précisément ce que lʼon nomme l ʻ “éveil” qui conduit à la “libération”.Le libéré ne “devient” pas lʼAbsolu: Il sʼaperçoit quʼil lʼest déjà ! Il retrouve en lui-même sa nature dʼhomme primordial et retrouve le chemin de lʼhumanité véritable qui nʼaurait jamais dû être quitté pour une autre voie, car cette dernière ne pouvait mener quʼà la souffrance et à la mort. Cʼest exactement cela que veut dire la phrase fameuse attribuée au Bouddha historique: le Samsara (monde de lʼillusion et de lʼesclavage) est le Nirvana (monde du réel et de la liberté)”.



Lʼéveil cʼest aussi savoir QUAND nous sommes :


Le tchʼan enseigne que le temps est “un” et éternel : passé, présent et futur coexistent. Cʼest la conscience seule qui se déplace.

Comprendre ces deux phrases ne présente aucune difficulté ; cependant, les affirmations qu'elles contiennent et qui paraissent tout à fait gratuites sont plus importantes que vous ne lʼimaginez. Certains ont connu lʼéveil en prenant subitement conscience de cela.Notre conditionnement dʼhommes ordinaires nous ayant emprisonné dans le concept de lʼobligatoire succession du temps (le passé précédant le présent, qui lui même précéderait lʼavenir qui nʼexiste pas encore ....), lire que passé présent et futur coexistent cʼest à dire sont en même temps, peut paraître farfelu et gratuit...

Et même en admettant que cela exprime une vérité, purement métaphysique, cela peut-il exercer une influence sur ma destinée et, à plus forte raison, sur mon comportement quotidien ? Vous pouvez croire ou ne pas croire cela. Pour le moment, nous n'essayerons pas de vous détromper. Nous vous invitons simplement à y penser tous les jours au moins une fois. Actuellement, certes, vous ne pouvez comprendre cette affirmation qu'avec votre seul intellect et lʼeffet est nul. Mais, dans peu de mois, à force de lʼévoquer, cette pensée sera intégrée à votre être entier. Et vous serez alors en mesure de vivre lʼéveil. Vous serez libre, totalement. Encore une fois, nous ne vous demandons pas de croire à la réalité de cette promesse, mais de vérifier par une mise en pratique de ces conseils.

Paix, force et harmonie dans votre Vie.